Le premier transfert de l’année 2020 d’œufs de Triton crêté a été réalisé fin mai. Quelques infos sur notre Triton de prédilection.

Dans leur paisible écrin de verdure, les populations sources de Tritons crêtés ont pu pondre en toute tranquillité. Ça tombe bien, car la campagne de translocation des 3 espèces cibles d’amphibiens (Crapauds calamites, Sonneurs à ventre jaune et notre Triton crêté) de Life in Quarries bat son plein.

Comment le reconnaître et frimer devant les copains ?

Si vous n’êtes pas naturaliste, attendez le printemps et priez pour tomber sur un mâle.

En effet, durant la période reproduction, le mâle arbore sur son dos une haute crête dentelée. Une fois cette épuisante période de l’année terminée, le Triton crêté ne l’est plus tant que ça. Il quitte le milieu aquatique pour vagabonder sur la terre ferme et sa crête diminue fortement.

 

De 10 à 15 cm de long pour les mâles et de 11 à 18 cm pour les femelles, il possède une peau granuleuse et une face ventrale jaune-orangé souvent parsemée de gros points noirs irréguliers. Le dimorphisme sexuel est particulièrement marqué : la femelle, plus grande et aux couleurs plus ternes, ne porte pas de crête dorsale.

Espèce menacée, en forte régression, ce petit amphibien est le plus grand et le plus rare des 4 espèces de Tritons présentes en Wallonie.

 

Et on le trouve où ?

Le Triton crêté vit presque exclusivement en eaux stagnantes en Wallonie.

S’il peut vivre dans une large gamme d’habitat, il a pourtant une liste de critères bien précis en matière d’habitat : un point d’eau permanent (souvent des mares, de petits étangs ou des fossés) bien exposé au soleil et riche en végétation aquatique.

Cette couverture végétale est primordiale car, après la fécondation, les femelles déposent leurs œufs, généralement un par un, bien à l’abris parmi les plantes et les algues.

 

Mais Triturus cristatus  se balade aussi sur la terre ferme comme dans les prairies, les haies, les bosquets… et les carrières sous eaux !

 

Des tritons et des bandelettes

Pour récolter les fragments de pontes destinés à fonder de nouvelles populations dans les carrières sélectionnées, les équipes de Life in Quarries placent, sur les berges des mares sources, des tuteurs auxquels sont attachées une vingtaine de bandelettes en plastique.

Trois à quatre semaines après la pose des bandelettes, celles-ci sont récoltées, les fragments de pontes (des œufs ovales, verdâtres et de 2 mm, soit un peu plus grands que ceux des autres tritons) sont analysés et ensuite transférées dans les mares réceptrices des carrières, situées dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres.

Et ils n’ont pas chômé ! Cette année, ce sont pas moins de 135 œufs « viables » qui ont été prélevés dans nos 3 mares « sources ».

NB : Sur les bandelettes, étaient également présents 77 œufs considérés comme « non-viables » et 67 œufs d’autres espèces de tritons.

Cependant, plusieurs de ces mares « sources » présentant une abondante végétation aquatique, les Tritons ont quelque peu délaissés les bandelettes cette année.

 

 

Ça fait des têtards les tritons ?

Non, ça fait des larves !

Si vous êtes déjà un spécialiste des larves de tritons, vous savez sûrement que les larves du Triton crêté sont assez faciles à identifier car, si elles mesurent à peine 1 cm à l’éclosion de l’oeuf, elles atteignent rapidement une plus grande taille que les autres espèces de tritons (6 à 9 cm).

jeune larve de Triturus cristatus

 

 

Si, en revanche, vous venez d’apprendre que les Tritons connaissent un état larvaire, peut-être sera-t-il plus facile de retenir que celles du Crêté possèdent de longs doigts fins, une haute crête dorso-caudale et une queue pointue qui se prolonge parfois par un filament bien visible.

larve âgée de Triturus cristatus

 

Autre astuce : elles ne présentent pas de petites taches claires à la base des pattes comme les larves de Salamandre. Mais pour cette astuce-ci, ne nous mentons pas il faut déjà la voir de près.

Maintenant que les oeufs ont été déposés dans leur nouvelle mare – située sur un site en exploitation – il faut laisser du temps au temps.

Dans quelques temps, comme pour toutes les actions du projet Life in Quarries, des suivis méticuleux et répétés permettront de dresser le bilan de cette campagne de translocation 2020.