Partenaire naturaliste du projet LIFE in Quarries, Natagora réalise, entre autre, les monitorings biologiques sur plusieurs carrières membres du projet.

 

 

Née en 2003, l’A.S.B.L Natagora a pour but de redéployer la biodiversité, en Wallonie et à Bruxelles, de façon à trouver le meilleur équilibre possible entre la nature et les activités humaines. Pour cela, Natagora déploie ses actions autour de 4 axes.

La protection

À travers la création et la gestion de réserves naturelles.

 

L’étude

Pour mieux connaître et comprendre les besoins des différentes espèces et les liens qu’elles tissent avec les écosystèmes dans lesquels elles évoluent.

 

L’implication

Pour interpeller les décideurs et faire évoluer les politiques publiques.

 

L’éducation

Pour former des acteurs responsables, à travers des événements ponctuels, des formations, des groupes de travail thématiques, des publications, l’organisation de balades natures pour tous les âges, des campagnes ciblées, des initiatives pour allier les arts contemporains et la science,etc.

 

Nous avons interviewé Julien Taymans, coordinateur naturaliste chez Natagora pour le projet LIFE in Quarries et responsable des campagnes annuelles de translocation du triton crêté (Triturus Cristatus), qui a rejoint les équipes de Natagora en 2007.

 

 

Comment êtes-vous rentré dans le projet LIFE in Quarries ?

 » Quand FEDIEX et la Faculté de Gembloux Agro-Bio-Tech (GxABT) ont initié le projet, Natagora est très vite rentré dedans.

En fait, Natagora était, déjà, impliquée avec le monde des carrières depuis, parfois, plus de 15 ans (dans le cadre de conventions par exemple, ou pour donner des conseils d’aménagement des sites).

Nous avions, aussi, participé à plusieurs formation « Mrs et Mmes Biodiversité » en venant présenter des informations sur la biodiversité. Nous avons, donc, été approchés par Gembloux pour rejoindre le tout nouveau projet LIFE in Quarries lors de sa gestation.

Nous avons toujours eu des contacts avec l’unité Biodiversité et Paysages de GxABT. J’ai, moi-même, grâce à ma formation de bioingénieur, travaillé 7 ans en collaboration avec Gregory Mahy à la faculté de Gembloux Agro Bio-Tech. »

Julien Taymans, coordinateur naturaliste du projet LIFE in Quarries pour Natagora, interviewé par Céline Druez, responsable communication du projet LIFE in Quarries.

 

Que retirez-vous de votre participation au projet ?

Pour moi, le premier avantage de ce projet se situe au niveau de la communication et de la sensibilisation.

Je pense qu’une des grandes plus-values du projet LIFE in Quarries, est d’avoir instauré une relation de confiance entre les naturalistes de Natagora et les carriers.

Ce projet a permis de mettre en place une communication entre le monde industriel et le monde naturaliste. Deux mondes qui, intuitivement, ne collaborent pas souvent…

Il y a quelques années, encore, il y avait très peu de communication entre les deux. Que ce soit pour des raisons de sécurité (ndlr : les carrières sont des endroits dangereux) mais aussi suite à une méconnaissance l’un de l’autre et de certains préjugés.

Julien Taymans (debout) lors d’une campagne de translocation de Crapaud calamite (Bufo calamita) dans une carrière membre du projet

 

Ensuite, il y a, bien sûr, la mise en place d’actions en faveur de la biodiversité sur le terrain. Des actions innovantes car le projet LIFE in Quarries ne ressemble pas à un projet LIFE « classique » vu le milieu dans lequel il prend place et les espèces qu’il concerne.

 

Photo prise par Julien Taymans lors d’un inventaire biologique sur une des carrières membres du projet LIFE in Quarries

 

Et, enfin, c’est la rencontre avec des membres du personnel des carrières (qu’ils travaillent dans le fond de fosse ou qu’ils soient directeur du site) motivés et qui fonctionnent comme relais du projet.

Les niveaux de motivation fluctuent mais, dans chaque carrière, on trouve toujours au moins 1 opérateur passionné, qui connait « sa carrière » par cœur, qui est intéressé par la nature et qui va venir à notre rencontre pour poser des questions ou raconter la fois où il a sauvé un Grand Duc (Bubo Bubo) blessé…

On rencontre toujours au moins une personne « clef » quel que soit le niveau hiérarchique et c’est super important d’avoir ces personnes relais sur les différents sites car elles ont leur propre réseau de connexions et peuvent se révéler cruciales dans la mise en œuvre d’actions en faveur de la biodiversité.

 

Le 25 juin 2013, les premiers diplômes de « Madame et Monsieur Biodiversité » ont été remis à une vingtaine de participants issus du secteur carrier (ndlr : dont Victor de Neve (chemise bleue et jeans à droite) l’actuel coordinateur du projet LIFE in Quarries)

C’est notamment à ça que servent les formations « Mrs et Mmes Biodiversité » organisées par FEDIEX et coordonnées par GxABT ; avoir au moins une personne de référence formée à la biodiversité par carrière.

C’est vraiment une initiative très intéressante qui devrait être répétée dans tous les secteurs industriels !

 

D’après vous, quelles sont les forces du projet LIFE in Quarries ?

Synergie entre différents mondes (industriel, naturaliste, administratif, scientifique)

Découverte (du milieu, des espèces, de méthodes, de partenaires avec d’autres mentalités)

Adaptation (de sa façon habituelle de travailler par rapport aux espèces et aux habitats qu’on retrouve en carrière, de ses objectifs, il faut savoir faire des concessions même quand ce n’est pas facile)

Crapaud calamite (Bufo calamita) dans une carrière membre du projet LIFE in Quarries

 

Un moment marquant du projet ?

Dans une carrière du projet, nous avions déjà eu pas mal de discussions et de réunions « théoriques » avec le directeur du site pour mettre en place le plan de gestion, coordonner les futures actions, etc. Puis, à un moment, nous sommes allés sur le terrain avec lui.

Donc, on arrive près d’une plaque à reptile, on la soulève pour voir s’il y a de la vie en-dessous, et apparaît un petit crapaud calamite (Bufo calamita) qui s’enfuit en courant (ndlr : le crapaud calamite ne saute pas mais court en se dandinant).

Et là, en une fois, j’ai vu ce grand et imposant bonhomme faire un énorme bond en arrière. C’était très drôle ! Et, très vite, le directeur a pu voir que c’était une espèce inoffensive et assez « mignonne ».

Un membre du personnel d’une carrière, soulevant une plaque à reptile déposée dans le cadre du projet LIFE in Quarries

 

Je trouve que c’est très révélateur ; alors que ce monsieur travaillait tous les jours, depuis des années, sur la carrière, il n’avait jamais eu le temps de pouvoir voir les espèces qui s’y cachaient. Et grâce au projet, il a finalement pu ouvrir les yeux.

Et ce n’est qu’un exemple. Sur un autre site, un nouveau directeur est arrivé en cours de projet. Au début il se montrait assez… dubitatif. Aujourd’hui, c’est un des plus dynamiques et des plus impliqués dans la gestion des actions du projet LIFE in Quarries sur son site !