Outre des crapauds calamites, des libellules et des renards, les carrières en activité offrent également une grande diversité d’habitats pour de nombreuses espèces d’oiseaux, des plus communes… aux plus rares.

 

Trouverez-vous l’hôte de la carrière sur cette photo ?

Bien qu’on les considère souvent comme une grande famille, un oiseau n’est pas l’autre.

Du pingouin au perroquet en passant par le canari et la poule, chaque espèce subsiste dans des conditions climatiques et édaphiques (conditions du sol) et via des besoins nutritifs et sociaux différents… Colonies de milliers d’individus agglutinés ou voyageur solitaire, capacité à nager ou, même, à voler, nid en hauteur ou sur le sol, critères physiques divergeant (taille, couleur, forme du bec, serres ou pattes palmées) sont autant d’aptitudes qui diffèrent, parfois du tout au tout, d’une espèce à l’autre.

Et grâce à la grande diversité de paysages qu’offrent les carrières en activité, chacun peut y trouver son compte (bon, peut-être pas les pingouins) !

 

Les espèces des milieux ouverts

Grâce à l’activité extractive, les carrières recèlent de nombreuses pelouses pionnières, des habitats temporaires devenus rares en Wallonie qui abritent une large diversité de plantes annuelles et d’insectes.

Ces surfaces arides, partiellement recouvertes de substrats rocheux, sont faites d’un sol sec et pauvre en matière organique qui offrent un emplacement de choix pour accueillir les cycles de reproduction de deux espèces cibles du projet : le Petit Gravelot (Charadrius Dubius) et l’Alouette lulu (Lullula Arborea).

 

Un exemple de pelouse pionnière, dans une carrière membre du projet.

Une espèce emblématique du projet LIFE in Quarries est le Petit Gravelot (Charadrius Dubius), un petit oiseau au dos brun et au ventre blanc, reconnaissable à la trace noire qui ressemble à un bandana autour de son cou, et au cercle orangé qui entoure son oeil.

Le Petit Gravelot est un nicheur relativement rare, dispersé dans toute la Wallonie sur des sites anthropisés, tels que des bassins de décantation, des carrières en exploitation ou réhabilitées et des friches industrielles.

Espèce typique des milieux ouverts, il profite des pelouses pionnières pour nicher à même le sol dans les ornières et les dépressions creusées par le passage des engins de la carrière. Quand un nid est repéré, la zone est mise en défens par des pierres de façon à protéger la petite famille.

 

Alouette, gentille Alouette…

L’Alouette lulu (Lullula Arborea) est plus petite que sa cousine, l’Alouette des champs et est, surtout, très discrète.

Petit oiseau à la queue courte, elle a des sourcils blancs bien marqués, qui se rejoignent sur la nuque.

Le chant de la lulu consiste en la répétition de notes dont la tonalité baisse sur la fin. La suite la plus classique (bien qu’il existe de nombreuses variantes) est  » lululululu…  » dont l’espèce tire son nom. L’Alouette lulu est connue de plusieurs sites du projet LIFE in Quarries.

 

Les espèces des falaises

Qui dit carrière, dit falaises rocheuses, banquettes de pierre et front de taille. Or, si les anfractuosités de ces parois verticales, situées à plusieurs (dizaines de) mètres de haut, nous sont inaccessibles, elles constituent des refuges de choix pour plusieurs espèces de rapaces qui peuvent y pondre et élever leurs oisillons à l’abri des prédateurs.

 

 

Comme pour le Faucon Pèlerin (Falco perigrina), un rapace diurne de taille petite à moyenne (la femelle a la taille d’un gros pigeon).

Si on estime qu’une cinquantaine de couples devait encore nicher en Belgique au XIXe siècle, leur population a continué à décliner pour atteindre 35 couples en 1945. Et l’après-guerre n’a rien arrangé avec l’arrivée sur le marché de nombreux pesticides organochlorés qui ont provoqué une considérable diminution du taux de reproduction (coquilles plus fragiles, stérilité)… quand ils ne tuaient pas directement les volatiles.

Mais, depuis plusieurs années, le Faucon pèlerin a fait un retour en force dans nos paysages wallons (on peut particulièrement l’entendre de février à mars) grâce aux mesures de protection, à la surveillance des nids et à la réduction (voire l’interdiction) de certains pesticides.

Aujourd’hui, on trouve de nombreux Faucons pèlerins dans les carrières en activité, mais également en plein cœur des villes, comme dans la célèbre cathédrale Saints-Michel-et-Gudule où un couple niche depuis 2004.

 

Coucou Hibou, coucou Hibou

Ou, encore, le hibou Grand-Duc (Bubo Bubo), le plus grand des rapaces nocturnes (presque la taille d’un aigle), reconnaissable à ses grandes aigrettes et à ses magnifiques yeux orangés !

Éteint en Wallonie durant la première moitié du XXe siècle, il a, aujourd’hui, recolonisé bon nombre de parois rocheuses de nos régions, grâce à un vaste programme de réintroduction commencé en 1960 en Allemagne, et la motivation des exploitants de carrières, qui cohabitent depuis bientôt 40 ans avec ce roi de la nuit et adaptent leur plan d’exploitation en fonction de ses venues.

 

Des falaises rocheuses… et sableuses !

Plus petite que l’hirondelle rustique qui niche sous nos corniches et dans nos granges, l’hirondelle de rivage (Riparia Riparia) est la plus petite des hirondelles de Wallonie et niche dans les parois sableuses et les falaises meubles des carrières et des sablières où elles creusent leurs terriers.

En effet, l’hirondelle de rivage y trouve des talus de matériaux meubles (devenus rares dans nos paysages modernes) qui sont laissés au repos tant que la colonie y est installée et sont rafraîchis une fois les locataires partis en migration, de façon à pouvoir les accueillir, de nouveau, dans les meilleures circonstances l’année suivante.

 

De l’eau et des zoziaux

Mais, si les carrières en activité présentent des milieux pionniers et des falaises rocheuses ou sableuses, elles possèdent également des plans d’eau permanents, bassins résultant de l’exploitation, qui, s’ils sont aménagés, peuvent être de véritables oasis de biodiversité pour de nombreux amphibiens (crapauds, grenouilles, tritons) qui se cachent dans la végétation aquatique, des nuées de libellules et de demoiselles, des poissons, des mammifères aquatiques et … des oiseaux bien sûr !

L’installation de plateformes pour les oiseaux aquatiques sur ces grands plans d’eau poissonneux est, d’ailleurs, une action menée dans le cadre du projet LIFE in Quarries !

 

Une plateforme à oiseaux pour les étendues d’eau permanentes réalisée dans le cadre du projet LIFE in Quarries.

 Le but ? Offrir à des espèces rares comme la Sterne pierregarin (Sterna Hirundo) ou le Goéland cendré (Larus Canus) des espaces protégés – notamment grâce au grillage qui clôture la plateforme pour éviter la chute accidentelle des oisillons et isoler le nid des prédateurs – afin que les oiseaux puissent nicher tranquillement au milieu du plan d’eau.

Ça vous consterne ?

L’autre nom de la Sterne pierregarin est l’Hirondelle de mer. Rien d’étonnant pour celui qui a pu contempler son vol gracieux au-dessus de l’eau et ses plongeons spectaculaires quand elle a repéré un poisson.

Nicheuse rare en Wallonie (et particulièrement bruyante), elle apprécie les bassins des carrières du nord de la région. Trois sites membres du projet possèdent, actuellement, des plateformes spécialement aménagées pour cette espèce. Pour reconnaître cet oiseau qui ressemble à une mouette, observez ses pattes (courtes et rouges), son bec (rouge terminé par une tache noire) et le petit capuchon noir qui lui couvre la tête.

Autre espèce des plans d’eau permanents mais qui ne niche pas sur les plateformes, le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) auquel nous avions déjà consacré un article.

 

Et puis tous les autres…

 

Remiz Penduline (Remiz pendulinus)

Le Rougequeue noir, le Pipit farlouse, le Martin pêcheur, l’Hypolaïs polyglotte, la Fauvette grise, le Gorge bleue à miroir, le Guêpier d’Europe et d’innombrables espèces de canards, pour ne citer qu’eux, sont autant d’espèces qu’on retrouve sur les sites extractifs pendant leur phase d’exploitation et qui font l’objet d’une attention quotidienne de la part des hommes et des femmes qui travaillent dans nos carrières et profitent, ainsi, des nombreux gazouillements, piaillements, cris et hululements qui enchantent ces sites florissants de vie.