Parmi les actions de nature permanente du projet LIFE in Quarries : la gestion de prairie par écopâturage dans les carrières en activité grâce, entre autres, à 2 races rustiques bien de chez nous : les moutons roux ardennais et les ardennais tachetés !

 

L’Ardennais tacheté, une race rustique qui ne craint ni le froid ni la pluie.

 

Nous vous avions déjà conté, dans un précédent article, l’histoire des moutons Soay, véritables vestiges broutant, eux aussi mis à contribution dans nos carrières wallonnes. 

C’est pourquoi, il nous aurait semblé injuste de laisser de côté les deux autres races stars du projet, d’autant qu’il s’agit d’ovins bien locaux… Une fois n’est pas coutume, c’est parti pour un petit retour en arrière !

 

 

Du fumier… j’déteste le fumier !

 

Et bien pas les premiers Ardennais dont la vie en dépendait !

Nous sommes entre -800 et -52 avant J-C, en Ardenne. Pourquoi remonter si loin ? Car c’est durant cette période que les premiers « Belges », un peuple celte nommé Trévires, vont arriver depuis le Rhin et commencer à défricher le paysage pour bâtir des villages.

 

Classé au patrimoine exceptionnel de Wallonie, le Tombeau du Géant est formé par la boucle de la Semois où, selon la légende, y serait enterré un géant Trévire prisonnier des Romains qui préféra se jeter à l’eau que de partir avec eux à Rome.

 

Et ces lointains ancêtres, essentiellement versé dans l’élevage et l’agriculture, vont apporter avec eux leurs chevaux pour le transport, leurs porcs pour la nourriture, leurs bœufs pour le labour mais aussi, leurs moutons qu’ils emploient comme débroussailleuses à quatre-pattes et dont ils utilisent la laine pour se vêtir et le fumier comme fertilisant !

En effet, ce n’est pas tant l’animal qui est important mais, plutôt, ce qu’il rejette, et le bétail est essentiellement considéré comme une véritable usine à engrais pour fertiliser les cultures ! D’ailleurs, à l’époque, l’importance d’une personne se mesure à la hauteur de son tas de fumier devant la maison et au nombre d’animaux qui compose son troupeau ! Et toute l’organisation du village – entouré de vergers, de potagers familiaux et plus bas, en descendant vers la vallée, de cultures de céréales, de prairies temporaires, et de prairies permanentes – est basée sur la collecte du précieux fumier !

 

Au Moyen-Âge, en Ardenne, tout le bétail du village est réuni dans un seul troupeau pour qu’il puisse aller pâturer sur toutes les terres reliées entre elles par des haies ou des murets. On appelle ce mode de pâturage agricole communautaire de la « vaine pâture ».

 

Cependant, bien que les troupeaux de nos ancêtres soient plus libres que la plupart de nos moutons modernes parqués dans des prairies permanentes, une pratique qui apparaîtra lors de la grande phase d’industrialisation de 1850 à 1990, ils reçoivent tout de même du fourrage en complément et ils sont rentrés chaque nuit afin d’éviter de finir sous la dent d’un loup ou de chiens sauvages.

Une pratique nommée pâturage complémenté qui diffère du pâturage extensif pratiqué dans le cadre du projet LIFE in Quarries selon lequel les moutons vivent toute l’année dehors, de jour comme de nuit !

Pour plus d’informations sur l’action en elle-même cliquez ici.

 

 

Des moutons à tête de renard !

 

Et pour pouvoir tenir dehors en Belgique qu’il neige qu’il pleuve ou qu’il fasse caniculaire, il faut être sacrément résistant. Exactement comme les Ardennais tachetés et les Roux ardennais, deux espèces originaires de Wallonie ! Autant dire qu’ils ont l’habitude du temps de chien.

 

L’agneau ardennais naît complètement roux avant de s’éclaircir vers l’âge de trois mois pour prendre une teinte beige clair. Sa tête et ses pattes restent rousses.

 

Ces derniers, appelés voskop (tête de renard) en Flandre, où ils ont été retrouvés dans les terrains très pauvres de la région de Kalmthout, ont été réintroduits en Wallonie à partir de la fin des années 1980 d’où ils avaient disparu dans les années 1950.

En effet, la concurrence d’autres races plus productives en viande ou en lait permise par les avancées technologiques mena la race au bord de l’extinction. Heureusement, le Roux ardennais connaît un engouement remarquable depuis la fin des années 1990 lorsqu’il a bénéficié de primes pour la protection des races locales. Aujourd’hui, le Roux ardennais fait partie des espèces les plus présentes en Wallonie !

Quant à l’Ardennais tacheté, reconnaissable à sa tête tachetée et à sa laine claire de qualité assez moyenne parsemée de taches rousses, sa rusticité, son caractère docile, la qualité de sa viande, sa grande fertilité et son aspect esthétique sympathique en font un mouton privilégié par les éleveurs amateurs bien que l’espèce reste fortement menacée.

 

Attention à ne pas confondre l’Ardennais tacheté avec le Mergelland, une autre race très proche mais qui elle, peut porter des taches noires et grises. Toutes les deux sont particulièrement bien adaptées au pâturage des pelouses calcaires comme celles qu’on trouve en carrière.

 

 

L’écopâturage, une solution de plus en plus populaire !

 

Et si le but du projet à travers cette action était, notamment, de montrer que écopâturage et activité industrielle peuvent tout à fait aller de pair, nous ne sommes apparemment pas les seuls à le penser comme en témoignent les nombreuses publications d’autres secteurs industriels sur Facebook ou LinkedIn.

 

Espérons que de plus en plus de secteurs verront le bien fondé de cette démarche écologique, socio-économique (en faisant appel à des bergers locaux) et culturelle (à travers des actions de sensibilisation du public) qui, menée dans de bonnes conditions et de manière réfléchie, ne peut qu’avoir un impact positif pour tous… et pour la planète d’abord !