Il y a peu, une cigogne noire a fait halte dans une carrière du projet LIFE in Quarries. Un repos bien mérité, en pleine migration, pour cet oiseau rare qui a démarré… d’Estonie !

 

Cigogne noire – crédit photo : https://www.notrenature.be/banque-des-especes/cigogne-noire

 

Au début de cet article, un concept fondamental ; celui de réseau écologique (ou « maillage écologique »).

Un réseau écologique, c’est l’ensemble formé par des infrastructures naturelles de différents types (espaces verts et/ou aquatiques) qu’elles soient directement visibles, comme une vallée ou une forêt, ou non, comme le corridor de migration d’une espèce. La partie clef de ce concept, étant que ces différentes infrastructures naturelles communiquent, ou, soient situées à proximité les unes des autres pour que les espèces animales et végétales puissent se déplacer entre elles.

Vastes sites comprenant divers types de milieux (ouverts, rocheux, arides, sableux, etc.), les carrières en activité sont de formidables refuges pour de nombreuses espèces animales et végétales qui y vivent de manière permanente, mais aussi temporaire… Comme le prouvent les nombreuses espèces recensées lors de haltes migratoires dans les carrières du projet LIFE in Quarries !

 

Etendue d’eau dans une des carrières membres du projet LIFE in Quarries.

 

La nécessité de retrouver un réseau fourni et stable

 

Suite à l’industrialisation et à l’urbanisation de ces 200 dernières années, les milieux naturels se font non seulement de plus en plus rares, mais, également, de plus en plus isolés ! Or, c’est plutôt difficile pour un papillon en migration de traverser des villes, des autoroutes et des zonings… Ce qui contribue à la diminution des populations de son espèce, déjà menacée par la pollution et le réchauffement climatique !

 

Sans compter que « de nombreuses études ont (…) montré que le potentiel d’accueil de la biodiversité offert par les habitats naturels est, à superficies égales, beaucoup plus grand quand ces derniers sont reliés entre eux par des corridors écologiques que lorsqu’ils sont isolés les uns des autres. Les écosystèmes présents sont ainsi plus équilibrés, plus stables et résilients, c’est-à-dire capables de surmonter d’éventuelles perturbations telles que, par exemple, celles liées au changement climatique ou à des invasions biologiques (projet de plan nature, 2014)« .

 

C’est pourquoi, depuis plusieurs années, un autre concept, celui de « remaillage écologique » se hisse petit à petit au rang de priorité. L’idée est simple : il s’agit de reconstituer un réseau communiquant entre les différents écosystèmes pour pallier aux effets de la fragmentation paysagère. Un réseau à échelle d’une ville, d’une province, d’un pays mais, aussi, de l’Europe toute entière, comme à travers le réseau Natura 2000 ou le projet de Réseau écologique paneuropéen (REP) et son sous-ensemble « infrastructure verte » défendu dans le cadre du Green Deal de l’Union Européenne.

 

 

Une rare cigogne noire

 

Parmi les nombreuses actions en faveur de la biodiversité mises en place dans les carrières du projet LIFE in Quarries, on trouve la réalisation de berges en pentes douces.

 

Photo prise par le responsable biodiversité de la carrière membre du projet LIFE in Quarries qui a pris le temps, durant son jour de congé, de venir observer cet oiseau rare !

 

Cette action vise à augmenter l’intérêt des plans d’eau permanents présents sur les sites extractifs en développant des hauts fonds qui pourront servir d’ancrages pour des roselières ou de terrain de chasse les pieds dans l’eau pour plusieurs espèces d’échassiers et d’oiseaux limicoles.

 

Comme, par exemple, cette Cigogne noire (Ciconia nigra) juvénile née en Estonie, qui a pu être identifiée grâce à une balise et a profité des nombreux milieux naturels d’une des carrières membres du projet pour se mêler à un troupeau de Cigognes blanches (Ciconia ciconia) et bénéficier d’un repos bien mérité avant de reprendre sa route !

 

 

 

Mais aussi beaucoup d’autres espèces !

 

Lors de nos recherches sur cet article, nous avons interrogé Maxime Séleck de l’unité Biodiversité et Paysage de la faculté Agro-Bio-Tech de Gembloux (ULiège). D’après le chercheur ultra-motivé, présent depuis la conception du projet ;

« Un nombre important d’oiseaux d’eau a été observé en halte migratoire sur les plans d’eau des sites tels la Sterne Pierregarin (Sterna hirundo), l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) au printemps 2016.

 

Une Sterne Pierregarin (Sterna hirundo) en halte dans une carrière du projet.

Un des sites est régionalement connu pour son intérêt ornithologique avec une importante liste d’oiseaux y étant observés. D’autres observations sont liées à des milieux ouverts, telle celle d’un individu d’Accenteur alpin (Prunella collaris) en hiver 2017-2018 sur une pelouse. »

 

Et Maxime, intarissable sur le projet et ses anecdotes et observations d’ajouter encore ;

 

« Parmi les 26 sites extractifs en activité du projet, 2 sont particulièrement connus de nos équipes et du personnel pour les migrations.  En gros, ce sont les « vasières » (étendues d’eau peu profondes, végétalisées et vaseuses) qui y sont utilisées par les espèces limicoles (c’est-à-dire de petits échassiers) comme dortoirs/sites de repos durant leurs haltes. Pour l’une des 2 carrières, il y a, d’ailleurs, une station de baguage à proximité où on a pu baguer le très rare Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) Mais, ce n’est pas exclusif ! Par exemple, on a – aussi – observé pas mal de Bécasse des bois, diverses espèces d’oies, etc. »

 

Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) est un petit passereau migrateur principalement présent en Europe centrale au Sud et à l’Est de la Baltique qui hiverne en Afrique de l’Ouest.

 

 

Pour plus d’information sur les oiseaux qui peuplent nos carrières découvrez vite notre article « Des cailloux et des piafs », également, sur notre site.