Oyez Oyez  !

Dans une carrière « Life in Quarries », font fait halte de très modernes chevaliers tous de plumes vêtus !

 

Ha, la chevalerie ! Le Moyen-Âge !  Les chateaux forts, les belles dames d’autrefois, les écus sur les boucliers et les romans galants.

Ce n’est plus à prouver, certains mots font plus d’effet à notre imagination que d’autres.

Ainsi le terme « chevalier » amène immédiatement à nos yeux des scènes de combats épiques, de tournois colorés et de festins grandioses. D’hommes courageux, bons et loyaux envers leur Seigneur qui partaient sur les chemins du vaste monde défendre la veuve et l’orphelin au service du Bien.

En d’autre termes, à eux ⇓

 

 

Mais, si depuis longtemps, hélas, l’art de la chevalerie appartient au passé, il existe pourtant encore aujourd’hui des chevaliers d’une toute autre sorte.

Pour eux, ni cotte de maille, ni fiers destriers mais de hautes échasses  et des ailes pour se déplacer plus vite et loin que n’importe quel palefroi. Sans maîtres ni seigneurs, ils parcourent le globe de marécages en rivages.

Messires, mesdames, nous vous présentons trois d’entres eux qui ont décidés de se reposer en pleine retour de migration dans une de nos carrières de la province de Namur.

 

Le sieur Gambette

 

Jadis il y eu les chevaliers de la table ronde, de l’ordre du Temple et d’autres sociétés.

Le chevalier gambette (Trinta totanus) et ses comparses, appartiennent quant à eux à l’ordre des limicoles. Autrement dit, vous avez plus de chance de le croiser les pieds dans l’eau qu’à la taverne. Notez… il est tellement bruyant que ce n’est pas plus mal. En bon protecteur, il sert, d’ailleurs, souvent de sentinelle aux autres échassiers se trouvant à proximité. Et quand vient le temps de l’année où ses sens s’échauffent de fol amor, il lance des  « tyooo » répétés pour gagner le coeur de sa belle. Un cri qui ne n’est pas sans rapeler les « taïaut » poussés par les nobles, autrefois, lors de la chasse.

 

baiedesommeautrement.net (Photo de J-M-Lecat)

Photo de J-M Lecat

Comme souvent les oiseaux de cet ordre, notre chevalier gambette est de taille moyenne, paré d’un bec droit et fin ainsi que de hautes pattes. Et quelle élégance !

Son blason est composé d’un fond rouge/orangé – comme la base de son bec et les longues baguettes qui lui servent de pattes – traversées de deux bandes blanches, subtil rappel des barres alaires de couleur claire situées sous ses ailes et qui le différencient de ses congénères. Pour le reste de ses atours, notre chevalier est blanc rayé, tout de brun dessous, et brun dessus vêtu ce qui lui donne une belle parure tachetée.

 

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À l’instar de Perceval le gallois, les chevalier de l’ordre des limicoles sont avant tous des chevaliers errants. Ainsi, le chevalier gambette, qui niche dans les prairies humides et les marais de la vaste Europe, entreprend chaque année un périlleux voyage vers les régions exotiques de la Méditerranée et de l’Afrique.  Surtout observé près de la mer, il est plus rare que cet oiseau soit observé à l’intérieur des terres wallonnes.

 

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Le sieur Guignette

 

Le chevalier guignette (connu dans les légendes sous le sobriquet d’Actitis hypoleucos) est également un chevalier errant.

Son bec est plus long que celui du chevalier gambette. Heureusement, car tel Arthur ne pouvait se passer d’Excalibur, Guignette ne peut se passer de son aiguille faciale pour fouiller la vase des étangs en quête de sa pitance. Il faut avouer que le Sieur guignette passe plus de temps à se nourrir qu’à secourir les demoiselles en détresse. Il n’est d’ailleurs pas bien difficile ; il peut aisément festoyer d’insectes, de mollusques, de vers et de crustacés… et comme, en bon chevalier, il reste humble, il n’hésite pas à se repaître des mouches qui tournent autour des bouses dans les champs où paissent les troupeaux.

 

 

© Hervé Enoch

© Hervé Enoch

Par contre il faut reconnaitre qu’il est débrouillard. D’un étang à une digue inondée en passant par une misérable flaque, le chevalier gambette sait tirer son parti de la plus petite étendue d’eau douce.

Pour le reconnaître observez-le marcher : quand il se déplace, il hoche la tête et sa queue est agitée de soubresauts comme s’il souffrait de T.I.C. Ces hochements caractéristiques s’accentuent quand ce chevalier-oiseau est inquiet ou se sent menacé.

Sinon vous pouvez toujours vous référer à son blason plus sombre, moins osé que celui du seigneur gambette : du gris et du brun au-dessus, du blanc (son ventre) et quelques vagues traces grisâtres ou verdâtres comme ses pattes et ses oeufs sur le dessous. Le seigneur Guignette est tout en sobriété.

 

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Le sieur Aboyeur

 

Plus commun que les précédents champions, le Chevalier aboyeur se distingue facilement par son bec à l’extrémité noire et légèrement retroussée.

Dédaignant notre royaume tempéré, il niche principalement dans les taïgas et les toundras de Scandinavie et de Sibérie ainsi qu’en Ecosse.

Voilà  pourquoi on ne peut l’observer en nos contrées qu’épisodiquement, pendant ses haltes migratoires.

 © Frédéric Pelsy

© Frédéric Pelsy

Quand viennent les rigueurs de l’hiver ce chevalier rejoint le littoral atlantique d’Europe de l’ouest et parfois, poussé par l’appel d’un mystérieux dragon, pousse son périple jusqu’en Afrique, au Japon ou même en Australie où il s’établi dans les marais salants, les rizières, les mangroves ou même les récifs coralliens.

De la famille des Bécassins, notre dernier compère aime se promener calmement le long des rives avant de poursuivre rapidement de petits poissons dans l’eau pour les becqueter. Parfois, il perd de sa retenue et se presse de manière désordonnée, le bec ouvert à la capture de crevettes dans les eaux peu profondes.

Son surnom d’ « aboyeur » (qui ferait pâlir d’envie Godefroy le Hardis) vient de la ressemble entre ses cris et les jappements d’un chiot.

Sur son bouclier, l’aboyeur arbore une ligne verticale claire virant au noir (symbole de son bec bicolore au bout noirâtre et retroussé), encadré de deux autres fines lignes d’un vert olive pâle comme ses pattes. Le fond du blason est sombre, gris rayé de brun et de noir avec une tache blanche comme son croupion clair.

Comme les preux Gambette et Guignette, le chevalier aboyeur a fait voeux de fidélité envers sa dame et ne prend femme qu’une fois pour former un couple stable et assurer sa descendance.

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Une confrérie bien plus vaste 

Mais si les équipes de Life in Quarries ont eu la chance de croiser le chemin de ces illustres volatiles, il ferait grand tort de croire qu’ils sont les seuls chevaliers présents dans notre monde moderne. Ainsi résistent aussi les chevalier Culblanc,  Arlequin, Sylvain, Stagnatile et Criard pour ne citer qu’eux.

Et en ces temps troublés par la pandémie de COVID-19 et les incertitudes qui pèsent, pour beaucoup d’entre-nous, sur notre avenir professionnel, il est agréable de savoir que de valeureux chevaliers existent encore quelque part… même si ce ne sont que des oiseaux.