Traine traine traine donc, c’est la chanson du limaçon.

 

Ce mardi 08/09/20 , Natagora, partenaire du projet Life in Quarries, publiait un communiqué dans laquelle l’ONG annonçait la découverte aux alentours d’un site carrier en activité d’une nouvelle espèce de gastéropode encore inconnue en Belgique : l’hélicolimace.

L’occasion, pour notre rédaction, de s’intéresser à ces animaux souvent mal-aimés et, surtout, mal connus qui, eux aussi, peuplent nos carrières.

Escargot de Bourgogne (Helix pomatia) entre des mains expertes dans une carrière membre du projet

Mais au final qu’est-ce qu’un gastéropode ?

Tout d’abord un « fun-fact » : les gastéropodes constituent le plus grand groupe animal après les insectes avec, environ, 40 000 espèces vivantes dénombrées à ce jour.

Et si certaines espèces peuvent se targuer d’avoir un nom latin élégant, voir poétique comme la belette d’Europe (Mustela vivalis) dont le nom veut dire « petite belle » ou l’Eriovixia gryffindori, l’araignée choixpeau magique récemment découverte, l’éthymologie des gastéropodes est plus pragmatique puisqu’elle signifie simplement « estomac-pied ». Simple, efficace…

De plus, ils sont les seuls mollusques à avoir réussi leur conquête du milieu terrestre ! Car, en effet, les escargots et autres limaces sont des mollusques.

Il nous faut donc commencer au commencement et remonter un peu plus haut dans la taxonomie (classement) animale.

 

 

Qu’est-ce qu’un mollusque ?

Scientifiquement parlant, un mollusque est un animal non segmenté, à symétrie bilatérale (quelques fois altéré) dont le corps se compose d’une tête, d’une masse viscérale (recouverte en tout ou en partie d’un manteau qui sécrète une coquille calcaire) et d’un pied appartenant à l’embranchement des Lophotrochozoaires (ça fait des points au Scrabble).

Et pour la majorité d’entre nous, que cette définition pourrait laisser perplexe, disons plus simplement qu’il s’agit d’un animal invertébré (pas de colonne vertébrale) au corps mou et que cet embranchement est divisé en 3 classes : les gastéropodes, les bivalves et les céphalopodes.

Ainsi, les pieuvres, les palourdes, les escargots, les huitres, les seiches, les moules ou les limaces sont tous des mollusques et sont étudiés par des « malacologues » (ça fait des points au mot croisé).

La principale association active en la matière est la Société belge de Malacologie (SBM) dont les guides d’identification sont le point d’entrée quasi obligé pour qui souhaite s’intéresser aux espèces belges.

 

http://soutien67.free.fr/svt/animaux/zoo/mollusques/mollusques.htm

 

Limace = escargot sans coquille ?

Pas si simple. De l’avis de Louis Bronne, naturaliste et découvreur d’une nouvelle espèce en Belgique «  Les limaces sont des gastéropodes comme les autres… Et l’existence d’espèces « hybrides » comme l’hélicolimace (portant une minuscule coquille sur son dos) devrait inviter à ne pas faire de différence entre les gastéropodes à coquilles et les autres. »

Sans compter que certaines limaces, comme les testacelles, possèdent une relique de coquille au bout de leur corps, là où certains escargots (comme les Vitrinidae) ne peuvent pas se retirer complètement dans leur coquille (fragile et incomplète). Sans parler des « semis-limaces » !

 

 

Combien d’espèces sont vraiment courantes en Belgique ?

Louis Bronne explique  » Dans mon jardin, j’ai trouvé 21 espèces : cela va du petit-gris que personne ne peux rater par temps de pluie à l’auriculette commune (Carychium tridentatum) que je n’ai trouvée que parce que je scrutais attentivement – avec une loupe ! – un interstice entre deux briques pour y retrouver une autre espèce bien plus grande (près de 3 mm) que j’y avais déjà vue. »

 Mais pour ceux d’entre nous qui laissent leur loupe sur leur bureau,  attendez-vous à trouver dans votre jardin les grandes limaces oranges (Arion vulgaris) que nous connaissons tous,  des Deroceras invadens (petite limace grisâtre) et des limaces du sous-genre Arion kobeltia (probablement surtout Arion hortensis,  la petite limace noire).

Sans oublier, dans une moindre mesure, les Cepaea (nemoralis et hortensis), les escargots des bois et des haies, le supra-célèbre petit-gris (Cornu aspersum) et la Clausilie septentrionale (Alinda biplicata), qui est assez repérable grâce  à sa grande taille (environ 17mm de long) et sa coquille très allongée et pointue.

Outre ces pilleurs de potager, vous pourrez également tomber (façon de parler, on s’entend) sur le bouton commun (tout aplati, justement), la Clausilie commune (toute en longueur comme la Clausilie septentrionale), la veloutée commune (un escargot dont la coquille est garnie de poils quand il est jeune ce qui lui vaut le surnom, dans le milieu, de « petit poilu »), le grand luisant ou « escargot bleu », une espèce carnivore, et la très belle limace cendrée « léopard » (omnivore, qui se nourrit notamment d’autres limaces).

Cependant attention, si nous connaissons essentiellement les escargots et les limaces pour les ravages qu’ils occasionnent à nos plantations, beaucoup d’espèces sont mangeuses de champignons (microscopiques) ou de matière en décomposition (aidant ainsi à la création de l’humus) et certaines sont carnivores (comme les hélicolimaces).

 

Les gastéropodes de nos carrières

Si le projet Life in Quarries veille à la protection et à la création d’habitats pour de nombreuses espèces cibles, les gastéropodes n’en font pas partie et ne figurent pas sur la (longue) liste des espèces à recenser durant les inventaires biologiques.

Cependant, les deux espèces rencontrées le plus fréquemment lors des relevés sont l’escargot de Bourgogne (Helix pomatia), espèce bien connue des gourmets et indicatrice des remblais calcaires dont un arrêté définit les périodes de capture, et la Limnée (Lymnaea), un escargot d’eau douce qui se nourrit des algues microscopiques et des bactéries qui prolifèrent sur les plantes aquatiques.

 

 

Des espèces pas spécialement « pionnières » mais qui ont leur importance dans la bonne santé de nos sols et qui peuvent néanmoins se déplacer sur plusieurs centaines de kilomètres que ce soit via l’activité humaine (par exemple, le petit moine, décrit dans les guides de la SBM comme une espèce rare présente uniquement à la côte, est aujourd’hui une espèce extrêmement répandue dans tous les zonings industriels où elle est arrivée avec des tas de cailloux) ou, encore, dans le système digestif des oiseaux quand nos gastéropodes peuvent se retirer complètement dans leur coquille bien à l’abris des sucs digestifs…