Après avoir été sauvé in extremis de l’extinction en Wallonie, l’espèce sera prochainement réintroduite dans une carrière participant au projet Life in Quarries !

 

Un recto trompeur, un verso évident

Le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) est un petit amphibien dont on sait finalement peu de choses.

Dans nos régions, le réveil des adultes, après l’hiver, a généralement lieu à partir de la mi-avril. Les accouplements débutent dès les premières journées ensoleillées et chaudes et les femelles pondent jusqu’à trois fois chaque année (jusque début aout) de 80 à 100 œufs, isolément ou par petits paquets.

Mesurant à peine entre 3 et 5 centimètres, il est facile, vu de haut, de le prendre pour un crapaud commun, avec son dos plat, gris/brun et couvert de petites verrues – quoique les connaisseurs diront sans doute que sa petite taille, sa pupille en forme de coeur et ses pouces jaunes sont autant d’indices pour éviter cette confusion.

 

 

Mais, qu’il se retourne ou saute et le doute n’est plus permis : Impossible de confondre sa face ventrale jaune ponctuée de tâches foncées et  irrégulières. C’est bien un sonneur… à ventre jaune.

 

Un déclin catastrophique

 

Bombina variegata est plutôt un amphibien «de la forêts », adepte des reliefs accentués. Il fait, aujourd’hui, l’objet d’un statut de conservation strict inscrit dans le décret «Natura 2000» (6 décembre 2001).

À l’origine, on le trouvait surtout au fond des vallées inondables, dans des trous d’eau au milieu des bois ou encore dans des noues de ruisseaux, sortes de fossés boueux, large, peu profonds et végétalisés, aux berges dénudées.

 

Cependant, les aménagements successifs et incessants des fonds de vallées ont peu à peu chassé le Sonneur à ventre jaune de son aire de répartition originelle.

Au début du 20e siècle, il n’habitait presque plus que dans des habitats secondaires comme des ornières remplies d’eau, des flaques dans des sentiers forestiers, des carrières abandonnées, des sources, des abreuvoirs et divers autres points d’eau stagnant de petite taille.

Depuis les années 70 il avait pratiquement disparu dans toute la Wallonie… ou du moins c’est ce qu’on croyait.

 

 

Un sauvetage secret

Après la disparition de la dernière population connue dans les années 80, on a longtemps cru que l’espèce avait définitivement disparue en Belgique.

 

 

Jusqu’à ce qu’en 2006, un anonyme sorte de l’ombre avec une nouvelle fracassante : il avait sauvé plusieurs individus d’une population en déclin au Sart-Tilman (Liège) et les avaient fait se reproduire dans le plus grand secret, durant toutes ces années, dans une ancienne carrière aménagée pour l’espèce !

C’est grâce à la démarche audacieuse de ce passionné qu’il existe encore des Sonneurs à ventre jaune en Belgique à l’heure actuelle.

Des crapauds et des tanks

Issu d’une collaboration entre Natagora, le DNF et la Défense, un programme de réintroduction du Sonneur à ventre jaune a permis entre 2009 et 2012, de relâcher 7.805 têtards (issus de la population sauvée du Sart-Tilman) dans la plaine d’exercices du camp militaire de Marche-en-Famenne.

Depuis lors, les sonneurs se reproduisent dans les mares temporaires crées par le passage des
chars d’assauts. L’activité militaire entretien donc, ainsi, un milieu de reproduction idéal pour
cette espèce dans plusieurs zones du camp.

 

Les carrières : une opportunité supplémentaire !

Les conditions pionnières générées par l’activité d’une carrière représentent  une opportunité unique pour le développement de l’espèce. En complément des autres projets en cours, l’apparition « assistée » d’une nouvelle population de sonneurs favorise le redéploiement de l’espèce en région wallonne.

Le projet Life in Quarries a donc initié, en 2019, un programme de réintroduction de ce petit crapaud au ventre coloré en collaboration avec le SPW-DNF et le domaine des Grottes de Han.

Après s’être reproduits tout à leur aise durant plusieurs mois dans des infrastructures spécialement conçues pour eux sous le regard vigilant des équipes des Grottes de Han, les premiers crapelets seront très prochainement relâchés en pleine nature, dans une partie de carrière en lisière de forêt.

 Les relâchages de juvéniles auront lieu plusieurs fois par an  de façon assez rapprochée dans le temps (en fonction des pontes successives des femelles et du stade de développement des têtards). Ces translocations se répèteront, également,  durant 3 ans car il est nécessaire de laisser un peu de temps au temps et de place à la nature pour qu’elle puisse suivre – ou, en l’occurence,  reprendre – son cours en toute tranquillité.

Suite au (très) prochain épisode.