Focus sur un outil indispensable, la plateforme web AMBREs développé par l’unité Biodiversité et Paysage de Gembloux Agro Bio-Tech dans le cadre du projet LIFE in Quarries.

Charlotte du PNPE et Christian des Carrières du Hainaut en pleine discussion devant une mare permanente sur laquelle ont, récemment, été installées des plateformes pour les goélands cendrés.

  » Si on veut qu’un projet comme celui-ci fonctionne, il faut que les experts transfèrent leurs compétences et leurs responsabilités aux acteurs de terrain. Si les experts restent au cœur du projet, cela annihile toute chance d’autonomie et d’appropriation par les carriers. « 

 Ce constat, simple mais décisif, est celui de Grégory Mahy, professeur académique à GxABT, qui a collaboré avec nos équipes dans la mise en place et le déroulement du projet LIFE in Quarries.

En effet, outre la création d’actions (temporaires ou permanentes) en faveur de la biodiversité sur le terrain, une importante partie du projet repose sur le monitoring de ses actions à travers des suivis annuels et une bonne connaissance des emplacements des différentes actions sur la carrière (qui, vous vous en doutez, est plus grande qu’un terrain de football…).

C’est pourquoi, afin de coordonner les actions en faveur de la biodiversité mises en place dans les carrières membres du projet LIFE in Quarries, l’unité Biodiversité et Paysage de l’antenne Agro Bio-Tech de Gembloux (ULiège) a développé un formidable outil de gestion : la plateforme AMBREs.

Une plateforme interactive, également adaptée pour les smartphones et tablettes, destinée aux carriers membres du projet LIFE in Quarries.

 

 

Trois fonctions principales à AMBREs :

  1. Proposer une vue aérienne du site sur laquelle les gestionnaires de la carrière/sablière peuvent retrouver en temps réel les actions présentes ou passées, selon le concept de gestion dynamique de la biodiversité au cœur du projet.

 

     2. Proposer un agenda qui rappelle aux carriers quand – dans l’année – il est bon de créer/déclasser les actions et de réaliser les suivis.

 

    3. Permettre aux membres du personnel qui utilisent AMBREs – et qui ne sont pas des spécialistes de la biodiversité – de pouvoir, en tout temps, avoir accès à des fiches techniques sur les actions mais aussi sur les espèces animales et végétales susceptibles de se trouver sur leur site.

 

Charlotte et Christian occupés à encoder de nouvelles mares dans la plateforme.

Mais surtout, simplifier la vie et faire gagner du temps aux hommes et femmes qui gèrent les actions sur le terrain !

Une bonne gestion qui, au final, se répercute aussi positivement sur les espèces qui vivent dans les habitats créés pour elles dans la carrière.

Le Tussilage (Tussilago farfara) également appelé « Pas d’âne », une espèce pionnière des friches rudérales connue pour ses vertus contre la toux.

Et justement, la semaine dernière, nous avons accompagné Charlotte Mathelart du Parc naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE) aux Carrières du Hainaut, afin de voir si AMBREs était bien à jour pour le site.

Une après-midi passée à vérifier que les actions enregistrées sur AMBREs existent toujours et, à ajouter les nouvelles…

 

 

Une vrai motivation de la part du personnel

On ne le répétera jamais assez : sans la volonté et le dévouement des hommes et des femmes qui travaillent dans l’industrie extractive, le projet LIFE in Quarries n’aurait jamais pu voir le jour !

Alors cette semaine, avant de vous emmener voir les différentes actions présentes sur la carrière, nous donnons la parole à Christian Vaneberg, élément indispensable du projet aux Carrières du Hainaut dont la motivation a contribué à la réalisation de nombreuses actions en faveur de la biodiversité.

 

 

Les mares temporaires et permanentes

Qu’elles soient temporaires ou permanentes, les mares grouillent de vie dans les carrières.

À peine arrivés au bord de celle-ci, non loin de l’entrée du site, Christian pointe du doigt une petite forme sombre qui file se cacher sous la végétation aquatique. C’était un triton. Le temps n’étant pas au beau fixe et n’étant pas encore suffisamment avancés dans la saison, nous n’entendons pas le chant des batraciens mais Charlotte nous assure qu’en été on ne peut pas les louper, eux, et les innombrables libellules dont deux sortes d’Orthétrum qui profitent de la mare.

Charlotte et Christian en train de discuter des espèces aperçues cet été dans la mare.

400 mètres après les premières mares, nous arrivons devant une mare pionnière qui ne paye pas de mine mais se révèle plus importante qu’on ne pourrait le croire.

 

 

Plus loin sur le site, après avoirs emprunté des pistes escarpées et humides, nous arrivons devant une mare permanente comme sortie de nulle part dans ce décors gris et nu. Une réserve de vie au milieu des pierres.

 

Et pour éviter que les engins ne viennent perturber la faune et la flore fragiles qui se développent dans ces mares, elles sont mise en défens par un cordon pierreux comme la mare pionnière ci-dessous.

Les pelouses pionnières

Même si elles sont loin de l’étendue de gazon classique qui rime dans nos têtes avec pelouse, les pelouses pionnières constituent un type d’habitat indispensable pour de nombreuses espèces d’insectes, de plantes et d’oiseaux.

Pelouse pionnière qui a été semée il y a peu, sur les hauteurs de la carrière.

Parfois associées aux mares temporaires ou à des substrats plus secs, les pelouses pionnières abritent une large diversité de plantes annuelles et d’insectes et peuvent, aussi, accueillir des cycles de reproduction pour les oiseaux, tels que l’alouette lulu et le petit gravelot.

Enfin… quand elles sont plates parce que pas sûr que celle-ci se révèlerait idéale pour les oiseaux, bien qu’elle le soit pour les insectes…

Le versant de cette pente a été rafraîchi pour créer une pelouse pionnière.

Une gestion pluriannuelle par déboisement et semis permettra la réouverture de ces milieux pionniers et l’installation d’espèces végétales caractéristiques.

À l’opposé de la pelouse sur la photo ci-dessus, nous arrivons après avoir monté et descendu d’innombrables pistes grises, devant une grande étendue récemment créée.

Pendant que Christian encode la nouvelle surface de pelouse pionnière dans AMBREs, Charlotte nous rappelle que l’habit ne fait pas le moine.

 

Et une fois n’est pas coutume, notre visite nous permet de nous en mettre, une fois de plus, plein la vue, en profitant des paysages incroyables qu’offrent les carrières en activité.

Une nouvelle petite pelouse pionnière surplombant le bassin permanent qui contient les plateformes pour les oiseaux.

Et bien d’autres actions encore

Galeries à chauves-souris, falaise meuble pour les abeilles solitaires, plaques à reptiles pour faciliter les recensements près des points d’eau ou, encore, installation de plateformes pour la nidification d’oiseaux aquatiques comme le goéland cendré ou la sterne pierregarin sont autant d’actions qui ont aussi été vérifiées lors de notre passage afin de voir si la plateforme AMBREs correspond bien à la réalité de terrain.

Une plaque à reptile (en bas à gauche) à coté d’un réseau de mares temporaires en pleine carrière, le long d’une piste.

 

 

Une falaise meuble pour les abeilles solitaires qui y creusent leurs galeries.
Une galerie à chauve-souris dans un ancien tunnel. Vous avez peur du noir ?

 

Un bassin permanent sur lequel 2 plateformes pour les oiseaux ont été installées.