Pour la deuxième fois, nous avons suivi Pascal, de chez Natagora dans deux carrières membres du projet. Une nouvelle immersion dans la réalité de terrain qui nous a mieux fait comprendre l’importance majeure d’un outil au fondement même du projet : le dialogue !

Dès l’arrivée à la carrière de Haut-le-Wastia, le projet trouve sa place.

Si le projet LIFE in Quarries se caractérise surtout par ses nombreuses actions, tant temporaires que permanentes, en faveur de la biodiversité dans les carrières, la clef de voûte du projet reste, avant tout, la collaboration volontaire et fructueuse entre différents secteurs (privé, public – wallon et européen, scientifique, et associatif – une ONG et un parc naturel) qui assure à de nombreuses espèces comme les crapauds calamites, les hirondelles de rivage, les tritons crêtés, les lézards des murailles, les hiboux Grand-Duc, les coronelles lisses et de nombreuses autres espèces animales et végétales, un avenir serein dans nos carrières wallonnes en activité.

Un aspect sans doute moins visible du projet et, pourtant, indispensable puisqu’il a permis de créer cette relation de confiance entre les différents acteurs du projet, leur permettant de travailler main dans la main en faveur de la nature.

C’est cette partie réservée aux discussions et au creusage de cervelle entre naturalistes et carriers que nous avons décidé de mettre en avant aujourd’hui à travers la visite de deux carrières : le site de Haut-le-Wastia, exploité par la société Colas, et la carrière voisine d’Yvoir, exploitée par Secy, toutes deux situées dans la même rue.

C’est parti pour une journée en plusieurs étapes.

 

Étape 1 : discussion à Haut-le-Wastia

Pascal Hauteclair et Émilien Pesché, directeur carrières chez Colas Belgique, réunis pour redéfinir les nouvelles zones susceptibles d’accueillir des actions.

En juillet dernier, un glissement de terrain a lieu sur le site de Haut-le-Wastia, provoquant un dépassement du périmètre d’exploitation. Heureusement l’incident est survenu de nuit et personne n’a été blessé.

Le hic, c’est que pour des raisons de sécurité, le site a dû suspendre ses activités jusqu’à ce que des experts aient pu établir un rapport sur la sécurité du site. Une décision nécessaire mais qui rend inaccessible le cœur du site, sur lequel devaient prendre place de nombreuses actions du projet !

Tout le plan d’action concernant le site est, donc, à revoir… Et vite !

Puisque le plan de gestion final, qui engagera la carrière pour les 15 prochaines années à perpétuer les actions mises en place dans le cadre du projet, doit être finalisé dans les mois qui viennent !

Dès 9h30 du matin, les discussions vont donc bon train dans les bureaux du site afin de déterminer quelles parties de l’exploitation peuvent encore abriter des actions du projet et, surtout, s’il va s’agir d’actions permanentes (en place pour une durée minimum de 15 ans) ou temporaires, qui pourront par la suite être déplacées, détruites puis recréées grâce à l’innovant concept de gestion dynamique de la biodiversité sur lequel repose le projet.

 

Une fois le plan d’action redéfini et clair dans tous les esprits, avant de partir, Émilien nous montre les fiches biodiversité qu’il conserve dans son bureau. Une nouvelle preuve, aussi petite soit-elle, de l’intérêt que porte les gestionnaires et ouvriers du site à la biodiversité et aux solutions pour permettre à la nature d’y trouver sa place.

 

Les fiches concernant les espèces recensées dans la carrière et les actions qui y ont déjà pris place en dehors du projet, comme l’installation de ruches.

 

Étape 2 : un foisonnement d’idée chez Secy

Quelques centaines de mètres plus loin, à peine, nous arrivons devant les bureaux de Secy, la société d’exploitation des carrières d’Yvoir. Jean-Louis Le Clef, le responsable du site est déjà là, accompagné de Martine Julien, aide précieuse et indispensable qui assure, notamment, la partie administrative du projet pour le site.

Le temps de se garer, Jean-Louis et Pascal sont déjà en grande discussion car le nouveau chef d’exploitation regorge d’idées pour donner un petit coup de lifting au site… tout en prenant en compte l’intérêt pour la biodiversité que peuvent représenter ces nouveaux aménagements.

 

 

Une prise en compte de la biodiversité dans chaque transformation du site qui en dit long sur la perspicacité et le profond respect qui habite le responsable des carrières d’Yvoir…

 

 

Mais si cette action est prévue à gauche du bâtiment, le côté droit des bureaux de Secy va aussi bénéficier d’un écodesign puisqu’il s’agit pour l’instant d’une parcelle en friche envahie par les ronces. Un bon endroit, pour Pascal, pour créer un mini pierrier surfacique, en recréant une zone plus minérale sur un substrat pauvre pour que la végétation pionnière puisse s’y développer qui serait bordée par de gros blocs rocheux, notamment le long de la route.

Une solution esthétique qui prend en compte la biodiversité et permet de recréer un milieu intéressant pour une végétation tout à fait particulière. Ne reste plus qu’à aller chercher le fameux substrat minéral qui va permettre d’appauvrir le sol en azote afin que la végétation actuelle ne repousse pas. Et le côté pratique, c’est qu’il ne faut pas aller très loin…

Étape 3 : on grimpe sur le terrain

Allez hop, et c’est parti pour une brève ascension jusqu’à la partie en pleine exploitation. Un décor magique qui nous transporte dans un paysage de cratère lunaire et de canyon américain en plein Namurois.

 

Mais outre la beauté du site, un des objectifs de la journée est de trouver des emplacements idéaux pour creuser des mares pionnières.

 

 

Et quitte à être sur le site, autant réfléchir à un maximum d’actions possible en profitant de notre passage…

 

 

Mais, avant de redescendre, nous faisons une petite pause sur une pelouse pionnière qui, Pascal l’espère, pourrait bien se révéler un refuge de choix pour la Coronelle lisse, une espèce de petite couleuvre dont on vous a déjà parlé dans notre dernier article consacré aux nombreuses actions en cours de réalisation dans la carrière d’Hermalle.

 

Étape 4 : on refait un petit saut à Haut-le-Wastia

Enfin, pour finir la journée, Pascal repasse vite faire un saut à Haut-le-Wastia pour jeter un œil sur le débroussaillage d’une pelouse pionnière créée dans le cadre du projet. L’occasion d’évaluer l’état de l’action, de jeter un bref regard sur les espèces qui y poussent mais, aussi, de saluer le carrier en train de pratiquer le rafraîchissement de cette action en écoutant son expérience sur le terrain.

Si on veut que les pelouses pionnières gardent leur côté pionnier, il faut veiller à limiter le développement des arbustes qui priveraient la pelouse de son aspect ouvert.

 

Une journée intense tant physiquement que mentalement, puisque si nos jambes ont bien travaillé, notre tête aussi en devant chercher des solutions, trouver des compromis, respecter au mieux les objectifs et sensibilités de chacun, et échanger autour de nouvelles actions potentiellement réalisables dans le futur. Mais, justement, ce n’est qu’à travers ce dialogue que le projet a pu se construire et, au final, servir aux nombreuses espèces qui se développent dans ces sites extractifs aux beautés cachées.

Alors nous profitons de cet article pour adresser un merci tout particulier aux hommes et femmes qui travaillent dans les carrières et qui, sur base volontaire, on décidé de consacrer une partie de leur temps à ce dialogue en faveur de la nature !